Ennuis au parking : [PB Daniel]

20h ! Après une dure et longue journée de travail, Shannon quittait son bureau. Elle avait la tête pleine d’encens. Elle sentait encore ces différents parfums de roses qu’elle avait tant de fois reniflée aujourd’hui. La dose, la puissance, la couleur… tout devait être d’une extrême précision pour réussir un mélange.

Parée de son manteau, elle salua ses collègues et tira la porte de sortie. Elle se retrouva dans la rue. Elle se mit à marcher jusqu’au parking ou était garée sa voiture. Les multiples parfums avait disparus de son esprit et étaient remplacés par des odeurs moins agréables. Elle sentait maintenant la froideur des passants insouciants, l’odeur du luxe ou de la pauvreté et la tristesse qui vivait en elle. Dès qu’elle était plus au travail, elle n’arrivait pas à détacher ses pensées de Matthew.

*Pourquoi était-elle encore attachée à lui? Pourquoi elle ne se trouvait un beau jeune homme sans problème de drogue comme toutes les jeunes femmes de son age ?*

Elle rentra dans le parking et commença à sentir une odeur étrange et inhabituelle. Une odeur qui la suivait et qui ne l’inspirait pas. Elle était trop occupée à penser pour faire attention à cela. Elle arriva devant sa voiture, elle remua ses longs cheveux devant la vitre et puis sorti la clef de sa Chevrolet de sa grosse besace en cuir. Elle s’apprêtait à la faire rentrer dans le trou de la serrure quand soudain elle entendit une voix menaçante qui lui disait :

« - Vos clefs Mademoiselle, laissez nous prendre votre voiture et tout ira bien pour vous ! »,

c’était donc ça la mauvaise odeur. Ces deux agresseurs l’attendaient depuis un moment et elle avait pu les repérer grâce à leurs odeurs. Paniquée et ne sachant que faire, elle tenta d’ouvrir la bouche pour parler… mais le deuxième assaillant l’interrompu en sortant un canif de sa veste et en lui déclarant :

« Vous pourriez rajoutez votre sac, je suis sur qu’une si jolie fille comme vous en a un bien rempli ! »

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Depuis qu’il vivait dans la rue, Daniel avait prit des habitudes. Il savait que sa situation allait probablement un jour s’arranger mais il lui était impossible de dire quand, et cela pouvait durer plusieurs mois, qui sait ? Cette vie, il devait l’accepter, car il n’avait rien d’autre, aucune autre issue. La journée avait été triste et grisonnante, le soleil était en train de se coucher, on le voyait pour la première fois de la journée et c’était lorsqu’il se couchait. Les travailleurs qui avaient encombré les parkings des rues de Manhattan de leurs voitures plus tôt dans la journée dans un fouillis total, s'apprêtaient à présent à partir. C’était la fin de journée et tout le monde était pressé de rentrer chez soi. Les bruits de klaxons se mêlaient aux crissements de pneus et aux sirènes de police et d’ambulance. Il ne devait même pas encore être 20h, que les rues s’étaient déjà vidées des attachés-cases. Daniel s’arrêta, et sortit de son sac du savon liquide pour les vitres et un torchon et continua son chemin en direction du parking. New York était assurément une ville triste, il faisait gris et déjà, quelques petites gouttelettes de pluie tombaient sur le sol de la « Big Apple ».

Daniel avait bien entamé sa journée, il avait avalé un Donnut au chocolat et un Bagel parsemé de sucre pour pas plus de 2 dollars. Il avait lavé ses habits dans des machines express et s’était bien lavé. Daniel était très à cheval sur l’hygiène et tenait à en conserver un minimum malgré sa situation morale et financière. La guitare et son sac au dos et la tête baissée, Daniel était presque arrivé au parking, où il allait laver quelques vitres de voitures des retardataires pour s’offrir un petit dîner et un paquet de cigarettes. Malgré le fait que le jeune homme était assez bien couvert, il avait tout de même froid, le temps était grisonnant et frisquet pendant presque toute l’année donc il fallait bien s’y habituer. Il grelottait quelque peu et n’avait aucune envie de chercher ses gants, enfouis dans son sac à dos qu’il faudrait entièrement déballer pour retrouver. En dehors du fait que son ventre soit plein, le jeune homme manquait toujours de sommeil et dormait presque debout. Ses cernes ne s’étaient pas estompés. Il avait par ailleurs cette barbe due à la négligence de la rue.

Il entendit soudain un petit cri étouffé féminin qui s’arrêta net. Quelque chose ne tournait pas rond dans ce parking. Daniel accéléra le pas et vit deux agresseurs qu’il avait l’habitude de croiser dans les rues et qui s’amusaient à lui prendre ses pièces. Maintenant, ils s’attaquaient à une jeune fille innocente. Il fallait faire quelque chose… Mais quoi ?!

*Ils sont deux et je n’ai même pas la force d’en affronter un seul, je ne peux pas appeler la police parce que de 1 ils sont trop lents et de 2 que je n’ai pas de portable…*

Le dernier recours, Daniel ne le connaissait que trop bien et voulait éviter d’être remarqué. Mais la sécurité d’une jeune femme innocente en dépendait et puis, il ne restait plus personne, sinon, les agresseurs n’attaqueraient pas. Il se dissimula derrière les grillages, bien caché et tendit les deux mains en face de lui, fixant les deux agresseurs.

Ils commencèrent à monter et à prendre de l’altitude au fur et à mesure que Daniel levait les mains, puis, d’un seul coup, il baissa les bras de manière sèche et les agresseurs tombèrent aussi sèchement. La chute n’avait du que les étourdir :

" C’était quoi ça ?! " s’exclama l’un.

L’autre ne répondit pas, d’ailleurs, malgré le noir, on pouvait remarquer une partie humide dans son pantalon. Les deux agresseurs devinrent deux ravisseurs en s’enfuyant à toutes jambes.
Daniel s’approcha de la jeune fille, mine de rien :

" Que s’est il passé"», l’interrogea-t-il, j’ai entendu des bruits et j’ai accouru ! "

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Shannon resta un moment immobile, le temps de reprendre son souffle. Elle était choquée par ce qu’elle venait de voir, décidément sa vie devenait de plus en plus étrange. Puis elle vit un mendiant s’approcher. C’était le jeune guitariste qui scouattait près de la bouche de métro qui se trouvait en face de son bureau. De temps à autre elle lui donnait une pièce en passant, elle l’appréciait car c’était l’un des rares SDF qui sentait bon, n’esquintait donc pas son odorat. Il lui posa une question puis elle lui répondit :

« Je ne sais pas ce qui c’est passé, les deux agresseurs me menaçaient avec un canif. J’ai tourné la tête un instant et des que je me suis retourné, ils sont partis en courant comme s’ils avaient vu un monstre !»

Elle lui mentait et elle se mentait à elle-même. Elle avait très bien ce qui c’était passé, les deux hommes avaient bel et bien volés puis chutés vers le sol. Elle se doutait qu’un héro avait intervenu mais elle préférait ne pas y croire. Alors elle fit comme si elle croyait que c’était le pauvre qui les avait fait fuir. Elle le regarda droit dans les yeux, lui fit un petit sourire forcé, et lui tendit la main, l’homme ne s’y attendait pas et la regarda un instant avec un air hésitant, et lui aussi à son tour lui serra la main.

Cela ne dura qu’une poignée de seconde mais Shannon en fut presque assommée. Ce qu’il venait de se passer était exceptionnel. D’une part elle avait ressenti une sensation de froid glacial et rude, elle en grelottait. D’une autre part, c’est comme si elle avait senti une puissance, une force, un potentiel qui lui avait était transmis. Tout cela juste en une poignée de main, il n’avait pas de doute, l’homme lui avait transmis son froid et une autre sensation, une envie de voler.

C’est comme si ce qu’elle pouvait sentir avec son nez, elle le maîtrisait maintenant avec le toucher. Elle se mit à trembler de froid et d’émotion, elle venait de découvrir qu’elle avait un second sens surdéveloppé. Daniel resta muet, apparemment il comprenait ce qui se passer. Shannon repris ses esprits, et pour détendre l’atmosphère elle lui dit :

« Comment puis-je vous remercier ? »

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Il fut d'abord choqué, le visage de la jeune femme avait changé, et lui, savait pourquoi, il décida donc de nier. Daniel avait décidément choisi la mauvaise personne pour utiliser ses pouvoirs. Apparemment, Shannon, par un procédé qu'il ne prit même pas la peine d'élucider avait découvert son secret. Mis son regard était différent de celui des autres, c'était comme si elle le comprenait, pas comme si elle le rejetait.

C'était la première fois que son regard envers lui n'était pas que pitié et apitoiement. C’était un regard changé, un regard compatissant, en lui-même, il sentait une connexion entre eux deux. Daniel ne savait que faire, depuis le temps qu’il rêvait de parler à quelqu’un qui le comprendrait enfin, mais face à ce qu’il attendait, il ne pouvait rien faire, c’était comme s’il ressentait un blocage inextricable et dans sa confusion le jeune homme ne dit rien. En lui, il sentait qu’elle le savait d’elle-même, qu’on n’avait pas besoin de le lui dire, c’était une chose humainement impossible, tout comme la maîtrise de la gravité. Encore perdu dans le fouillis de ses pensées, le jeune homme paraissait déconcerté, son visage était d’autant plus blême et ses lèvres remuaient comme par hésitation de dire quelque chose qu’il pourrait regretter. Mais dans ce monde, il y avait des gens sages et réfléchis, dignes de confiance, il se souvint de son entraîneur, le seul à connaître son secret, il ne l’avait d’ailleurs pas divulgué. Il grelottait pour deux raisons à présent, la peur de faire confiance à la mauvaise personne, et le froid toujours aussi glacial, toujours aussi pénétrant. Un éclair fendit le ciel dans un fracas énorme, Shannon se retourna voir ce qui se passait dans le ciel de New York. Daniel n’eut à réfléchir qu’un dixième de seconde pour décider finalement de s’en aller, même s’il savait qu’il allait être hanté pas ses remords plus tard. Il se concentra, ferma les yeux, serra les poings. Le sol bougea et remua comme une flaque d’eau due à l’impulsion qu’il avait donnée. Il se leva dans le ciel, bientôt, son pied quitta le sol, la joie était revenue en lui, il était enfin arrivé à voler, chose qu’il n’avait pas réussi à faire depuis son renvoi. Mais il hésita encore, encore troublé par la jeune femme qu’il allait laisser criblée de questions auxquelles seul lui, pouvait répondre.

Soudain, il ne ressentit plus cette force qui l’aidait à s’élever, elle s’était volatilisée, le jeune homme ferma les yeux, il était en train de tomber, la chute allait être fatale. Il se concentra au maximum qu’il put et il lui fallut une fraction de secondes pour comprendre qu’il devait se résoudre à parler à la jeune femme. Juste avant de toucher le sol, il en était sûr et certain, aussi sûr de lui que lorsqu’il avait décidé de s’enfuir comme un lâche quelques secondes plutôt, le jeune homme réussit à planer, évitant un aller simple pour le cimetière. Il était à quelques millimètres du sol. Son pouvoir variait donc en fonction du fait qu’il était sûr de lui ou pas. C’était déjà un grand pas. De fines gouttelettes de pluie tombaient sur le jeune homme qui planait encore si près du sol…




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Shannon resta stupéfaite par ce qu’elle venait de voir. Le jeune homme, était suspendu en l’air 10 mètre plus loin. C’était donc de lui, que venait cette envie de voler. Il n’y avait plus personne à cette heure ci dans le parking, elle était la seule à pouvoir le regarder. Effrayée, elle faillit rentrer dans sa voiture, s’enfuir à son tour et faire comme si de rien ne s’était passé. Mais elle réfléchit un instant et se dit qu’elle ne pouvait pas fuir éternellement sa destinée, un jour ou l’autre, elle allait se retrouver confrontée à son propre secret. Une chose la rassurait, elle n’était pas la seule à être hors du commun.

Elle balança ses cheveux bruns en arrière, se pinça la lèvre, jeta un regard légèrement dédaigneux vers le jeune homme, et avança vers lui. Tout en marchant elle se mémorisait dans sa tête toutes les questions qu’elle s’était posait, dont il pouvait avoir les réponses. Elle le regardait bien fixement, il avait la mine pale, juste la peau sur les os et un regard assombri sûrement par la vie qu’il avait du subir. Il lui rappelait d’un coté Matthew, ils tout les deux tombaient si subitement dans la misère.

Elle arriva à quelques centimètres du mendiant. Il était toujours suspendu en l’air : des gouttes de sueurs dégoulinaient sur les différentes fentes de son visage malgré le froid effroyable. Elle posa son sac sur le sol et puis sa main sur l’épaule de Daniel. Il la regardait maintenant du coin de l’œil sans bouger de position. Elle jeta un regard tout autour puis fixa avec insistance le jeune homme et lui dit :

« Il faut qu’on parle tous les deux. On a plus de points communs que tu pourrais le croire. J’ai plusieurs questions à te poser, et je pense que tu devrais en connaître les réponses… »